Poème offert par le Dr Ndongo Mbaye
FEMME
Femme
J’ai grandi à ton ombre
Couveuse matricielle
Maternelle
Femme de la ville
Femme de la campagne
Ton timbre sonne vrai
Haut perché dans la mélodie de la savane
Dans le concert des vocalises
Femme qui m’a engendré
Femme qui m’a nourri
Femme qui m’a dorloté
Femme qui m’a cajolé
Femme qui m’a protégé
Quand les larmes de la vie
Ruaient vers moi
Femme qui de ses bras
A arrêté les déferlantes
Des mers aveugles dévastatrices
Femme douce volontaire
Au besoin autoritaire
Qui m’a éduqué
Quand les affres
Sur elle pleuvaient
Telles des nuées de sauterelles
Ravageuses insatiables
Femme
Avec toi mon esprit mon âme
S’installent et dorment tous les jours
Sur des océans de quiétude
Sur des nuages ouatés d’amour
Dans des jardins de béatitude
Femme-femme
Femme-homme
Femme-enfant
Femme plurielle
Femme debout
Femme couchée sur la toile du peintre
Femme sculptée par Diadji Diop
Aux mains magiques
Femme sous les projecteurs des lumières de la Vie
Femme-mère
Femme-mer-geec-mbambulaan-aux-houles-infinies
Femme-musique symphonique-aux mélodies-enchanteresses
Femme du Nord
Femme du Sud
Femme de l’Ouest
Femme de l’Est
Femmes de tous horizons
Plus que la moitié de la Terre
Tu es la Terre-Mère
Tu es la Pachamama
Tu es le Tout de tous les uns
De toutes les unes
De tous les autres
Parce que tu es Vie fécondante
Réverbération étincelante
Révélation éblouissante
Tu es une et multiple
Tu es insaisissable
Parce que tu es l’Insaisie
Tu es Regard qui erre sur les dunes de silice
Tu es oiseau qui survole les frissons océaniques
Pour caresser toutes les latitudes
Pour embrasser toutes les longitudes
Je te déclare ma flamme éternelle
Solennelle
Pour te voir embraser la terre
De tes sentiments chauds chaleureux
De généreuse amante
Pour te voir écrire le poème immortel
Avec ton calame d’espoirs
Tes mots de rêves
Le poème primordial
Avec tes paroles d’amour
Pour te voir répandre le sens originel
Qui contient tous les autres sens
Femme
Tu es la musicienne fondamentale
En quête de la note si sublime
Si délirante
Que tu n’auras plus besoin d’une autre
Femme
Tu es le Tout-Monde
Qui diversifie
Qui enrichit
Qui intensifie l’humanité
Dont le sang incolore coule vers les mers
Où tombent des soleils aux couleurs de braises
Avec toi les fleuves dansent toujours
Pour rythmer leurs cours
Pour appeler au secours le soleil la lune les étoiles
Protecteurs des libertés de leurs méandres
Des circonvolutions de leurs errances
Femme
Telle une amphore de trésors
Tu renfermes toutes les graines
Des récoltes des futures saisons
Des semailles en gestation
Tous les pollens des fleurs
Que les abeilles butineront
Pour le bonheur de nos saveurs
Et me reviennent toutes les effluves
Du miel de bienvenue récolté
Par les vieilles mains généreuses d’un Sage de Toujane
Là-haut sur la montagne enneigée
Non loin de Djerba La Blanche épandue en insularité Miraculeuse
Femme
Tu es cette fragrance envahissante
Qui avait enduit mon cœur mon corps
De succulence et de volupté emmêlées
De désirs emmiellés
Qu’importe la Vie
Qu’importe la Mort
En leurs essences mystérieuses
Elles nous font valser au gré de leur flux et reflux
Entre silences et bruits
Fureur et paix
Femme
A tes prières je me joins
Pour étreindre tous les enfants du monde
Que tu ne cesses de nourrir de tes seins insondables
De ta bienveillance inoxydable
Femme savoureuse
Comme je voudrais être toi pour enfanter
Pour ton affection nourricière
Pour tes yeux de compassion
Advienne la nuit Vienne le jour
Le Temps reste suspendu à tes lèvres
Teintées d’ivresse
Tes lèvres liquoreuses au passé d’absinthe
Tes lèvres dessinées par les lueurs de l’aube
Tes lèvres offertes aux abandons de l’aurore
Tes lèvres libres aux appels de caprices
Tes lèvres palpitantes aux secousses érotiques
Tels des mouvements telluriques
Femme
Ma compagne mon complément
Qui sait tant exister toute seule
Qui aime tant vivre sa Liberté
Toi qui entre exigence et souplesse
Sais faire tant de choses à la fois
Je te chante à la face du monde
Je te chante comme le griot la tradition orale
L’épopée mandingue à Kéla et Kita
Je te chante tel le chant du cœur de la Terre
Toi le rossignol de mes cieux